Journée courte mais intéressante. Près du village de Bogazkale, le site d'Hattusha fut la capitale hittite (vers 1400 av JC). L'endroit était déjà occupé auparavant par des peuples de l'age de cuivre, vers 2500 av JC, par les « Hatti », ainsi disent-ils dans le gros guide.
Après avoir gentillement envoyé balader des vendeurs de pacotilles sortits de nulle part au milieu de ces ruines désertes, un soit disant « gardien » m'aborde. Il se trouve qu'il connait très bien le site, du coup la visite devient plus intéressante. Il ne veut pas d'argent et me propose de me guider pour parcourir les vestiges à l'intérieur d'une enceinte de 9 km de circonférence. Comme il parle très bien italien, la compréhension en est grandement facilitée.
J'apprend que le village de Bogazkale est partagé entre turcs et kurdes, certains villages du coin sont même entièrement kurdes. Ils sont assez pauvres me dit-il, ils ne peuvent accéder à la terre qui est trop chère. Cependant, un « professore » milanais, qu'il appele l « imperatore » (l'empereur) jouit d'une bonne réputation depuis qu'il a installé une coopérative de fabrique de tapis qui emploie près de 250 femmes kurdes.
C'est là qu'on se prend à rêver de la vie kurde, où pendant que la femme est au tissage l'homme se promène. Pas si loin de la vie quotidienne du Turc, qui joue au baggamon au café la journé en buvant du thé, puis le soir venu, se rend au hammam pour décompresser, avant de rentrer chez lui attendre que sa femme retourne des champs. C'est pas mal non plus.
Bref, pour l'époque il reste quelques vestiges : 70 temples (la plupart sous terre), enceinte, porte des lions, une portion restaurée des murs en forme de pyramide (qui aurait été un mixe de compétences égyptiennes et hittites), traversé par un tunnel de 70 m – usage défensif ? Pour prendre des assiégeants pas surprise ? Ou bien cérémonial ?
A 3km de là, le chouette sanctuaire d'Yazilikaya où aurait était célébrée une fête du printemps de 39 jours (mon guide s'ennorgueillit que les kurdes aient la même) est couvert de relief de divinités, dont celles de la tempête, du soleil, du rigolo « dieu de l'épée » et du roi ayant bâti le temple.
Bref, j'en dirait davantage sur l'histoire et ces lieux dans le site consacré à la Turquie.
Quand je demande à mon guide sympa l'état des relations entre communautés, sa réponse peut se résumer en « comme-ci comme-ça ». Il me propose de visiter la coopérative. Pourquoi pas, même si je voit bien où cela va en venir.
Je pensait voir 250 kurdes tissant des tapis, mais en guise de coopérative, c'est un point info tourisme transformé en salle de vente de tapis. Le « patron de la boite » m'offre le thé, me montre un magazine style Géo italien où l'on parle en bon termes de cette coopérative dans un encart. Il étale divers tapis de diverses tailles et de divers matériaux. Bien jolis, je n'ai malheuseusement pas besoin de tapis et je me voit mal me promener avec ça pendant des mois. Du coup, mon compagnon devient moins bavard ... Et moi aussi.
Un paranoïaque pourrait alors se demander : « et si cette coopérative n'existait pas ?»
J'hésite sur la direction à prendre, entre est et ouest. Finalement, une bourasque de vent glaciale me souffle la réponse : ce sera la méditérranée. On verra les montagnes une autre fois. Etapes trouvée à Gordion, capitale phrygienne, et à Aezani où serait un des temples romains les mieux conservés de Turquie. Ensuite, peut-être un crochet vers les lacs en happant ici et là une ruine ou deux.